Le burn out des infirmiers : un syndrome à prendre au sérieux

Le burn out touche tous les soignants dont les infirmières libérales. Malmenées par la récente crise sanitaire, elles sont de plus en plus nombreuses à se sentir envahies par cet épuisement professionnel. On vous aide à y voir plus clair entre les symptômes, les causes et les précautions à prendre pour tenter de lutter contre ce syndrome d’épuisement professionnel.

 

Qu’est-ce que le burn out ?

Charge mentale, épuisement, hyperstress, surmenage, dépression… Voilà autant de termes qui peuvent cacher un burn out. Ce terme anglais, désigne le syndrome d’épuisement professionnel. Pour l’HAS (Haute Autorité de Santé) le burn out se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». Ce terme a vu le jour dans les années 60, mais il faut attendre les années 2000 pour qu’il apparaisse sur le devant de la scène française. Aujourd’hui, il fait partie de notre quotidien.

Le burn out infirmier en chiffres

Selon la dernière étude de l’Ordre National des Infirmiers les infirmiers sont 42 % à indiquer « qu’ils ressentent actuellement un syndrome d’épuisement professionnel de type burn out ».

 

Le burn out chez les soignants

Le burn out touche tous les métiers, et le plus souvent, des personnes très engagées dans leur travail. On a coutume de dire qu’il impacte particulièrement les métiers d’aide. Le personnel soignant est en première ligne et les infirmiers et infirmières libérales le sont tout autant. La récente crise sanitaire du covid n’ayant rien arrangé. Les infirmières à domicile ont encore, plus que d’habitude, couru après le temps. En plus des soins à prodiguer, il faut :

– penser à déposer les prélèvements au laboratoire

– appeler le médecin traitant de Mr X et répondre à celui de Me Y

– se souvenir du changement de digicode chez un autre patient

– ne pas péter un câble quand un embouteillage vient perturber tout le planning de la tournée

– remplir les dossiers de soins au quotidien

– chercher une remplaçante pour les congés qui arrivent

– gérer les remplaçants et les rétrocessions

– assurer les transmissions avec les autres IDEL du cabinet

– gérer les prescriptions, les DSI et les BSI

– bien coter les actes pour ne pas avoir d’indus et les gérer s’il y en a

– supporter l’agressivité de certains patients et de leurs familles

– gérer l’urgence d’un patient en détresse physique et/ou psychologique

– gérer les ordonnances avec les différents pharmaciens

– et bien d’autres…

 

Bref, cette accumulation peut vite tourner au cauchemar !

Burn out infirmière : les symptômes qui doivent alerter

Les journées se suivent et sont de plus en plus épuisantes et stressantes. L’infirmière libérale, qui a toujours à cœur de prendre soin des autres, a rarement les moyens de prendre soin d’elle. Pas le temps de s’écouter, elle continue sur sa lancée infernale. C’est alors que des « petits bobos » font surface. Ils sont aussi variés qu’il y a d’infirmières et d’infirmiers, mais ils sont des indicateurs, des révélateurs de cet épuisement professionnel. Il faut les considérer comme une première alerte. Migraine, insomnie, trouble musculo-squelettique (TMS), douleur inexpliquée, hypersensibilité, tendinite à répétition, oublis permanents, perte d’appétit… Et puis un jour, c’est le corps qui dit stop ! Un beau matin, l’infirmière libérale est incapable de sortir de son lit, de passer la porte du cabinet, de se rendre chez un patient. Elle est épuisée, en larmes et littéralement à l’arrêt.

Burn out infirmière libérale : quels sont les facteurs déclencheurs ?

Les IDEL cumulent dans leur quotidien de nombreux facteurs susceptibles d’être des « déclencheurs » de cette souffrance au travail. Vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive.

  • confrontation quotidienne avec la souffrance, l’angoisse et la mort
  • implication dans l’intimité des patients
  • dispositifs de soins extrêmement variés et complexes
  • déserts médicaux
  • insécurité
  • rythme et charge de travail avec des volumes horaires inquiétants
  • plus de temps pour l’humain
  • quasi-absence de reconnaissance
  • peu de soutien
  • isolement professionnel quelquefois
  • exigence croissante des patients qui savent mieux que l’infirmière à domicile
  • problèmes d’agressivité, d’incivilité ou de manque de respect
  • stress et fatigue liés aux nombreux déplacements
  • perte de sens du métier : décalage entre la vocation initiale et la réalité du terrain
  • lourdeurs administratives
  • stress lié à la facturation
  • disponibilité presque permanente
  • manutention et postures pas toujours évidentes à tenir pour bien soigner

Burn out des infirmières à domicile : que faire ?  

Il n’existe malheureusement aucune recette miracle pour éviter le burn out. Néanmoins, nous vous livrons quelques conseils de bon sens qu’il est important de rappeler.

CONSEIL NUMÉRO 1 : Écoutez-vous !

Pour une fois, dites-vous que vous êtes le patient et écoutez-vous ! Votre corps vous parle, vos réactions physiques sont à interpréter, vos actes vous disent des choses de votre état psychique et physique. Alors, prenez le temps d’écouter vos besoins, vos envies, vos manques…

CONSEIL NUMÉRO 2 : Arrêtez-vous !

Avant de finir dans le mur, prenez du temps pour vous. Que ce soit pour cette semaine de vacances dont vous rêvez depuis des mois, pour quelques heures par semaine pour faire du sport, de la musique ou de la méditation… Accordez-vous une pause, elle est vitale. Ce temps personnel va vous permettre de vous décharger du stress, de faire le vide, de penser à autre chose. Et n’oubliez pas : prendre des vacances régulièrement est essentiel pour décompresser. Faites appel à un remplaçant et partez l’esprit léger.

CONSEIL NUMÉRO 3 : Osez parler !

Ce n’est pas toujours facile, mais c’est toujours gagnant. En osant dire ce que vous traversez, les difficultés que vous rencontrez, en acceptant de demander de l’aide vous rompez ce cercle vicieux dans lequel vous êtes. Et surtout, vous vous rendrez compte que beaucoup de personnes de votre entourage professionnel ou personnel sont à votre écoute. Vous connaissez le hamster dans sa roue, c’est vous, alors arrêtez la roue !

CONSEIL NUMÉRO 4 : Allégez-vous !  

Votre charge administrative, quel que soit votre statut, reste énorme. Ce temps administratif vient déséquilibrer et parfois entacher le sens de votre métier. Planning, tournée, facturation, relance… Il n’est pas trop tard pour repenser votre organisation du cabinet en libéral. C’est cette organisation qui est la clé d’un quotidien gérable. À vous d’adopter les bons outils numériques pour vous soulager, voire vous appuyer sur un spécialiste pour gérer ce que vous ne voulez plus gérer !

Burn out infirmier : comment en sortir ?

Se remettre d’un burn out est un long chemin ! Il faut particulièrement accompagner le retour au travail. Recommencer en mi-temps thérapeutique, faire appel à un thérapeute, se tourner vers une association… Il existe de nombreuses façons de retrouver le goût du travail. Faire un burn out doit être vécu comme un signal. Et si c’était le moment d’engager une réflexion sur le mode d’exercice ? Comment le faire évoluer ? Quels changements apportés, quelle orientation prendre pour aller vers le mieux-être ? Autant de questions à se poser pour tourner définitivement la page de cet épisode douloureux .

 

Burn out infirmière : des structures pour vous aider

Solidarité Ordinale Infirmière, service mis en place par l’ONI. Un numéro de téléphone unique et disponible 24h/24 et 7j/7 pour venir en aide aux professionnels de santé en souffrance: 0 800 800 854. Au bout de la ligne, des psychologues cliniciens habilités sont là pour vous aider.

L’Association France Burn Out (AFBO), vient en aide aux personnes touchées par l’épuisement professionnel et peut aussi vous accompagner.